Petite histoire piochée sur le WEB... où l’inspiration d'un artiste peut aller se cacher…
Au tournant de 1950, le peintre Nicolas de Staël est enfin connu et reconnu. Plusieurs expositions lui ont permis d’accéder à une certaine notoriété dans le milieu artistique. Très vite, celui que l’on surnomme « le Prince » s’impose comme l’un des chefs de file du mouvement abstrait. Mais déjà, le peintre aspire à autre chose…
Le soir du 26 mars 1952, l'artiste assiste, avec sa femme Françoise, à un match de football, au Parc des Princes. Opposant la France à la Suède, celui-ci est particulièrement haletant. A la fin de la première mi-temps, le score est toujours vierge. Il faut attendre la fin du match pour que les Suédois trouvent enfin la voie des filets tricolores. Pour Staël, cela n'a aucune importance. L'enjeu sportif ne retient pas son attention. Comment cela pourrait-il se faire ?
Depuis longtemps, son regard s'égare, fasciné qu'il est par les vingt-deux footballeurs et les trente-cinq mille supporters présents ce soir-là dans le froid. Il est captivé par l'esthétique qui se dégage de cette foule en mouvement, ses couleurs, ses formes. Au poète René Char, il écrit quelques jours plus tard : " Entre ciel et terre, sur l'herbe rouge ou bleue, une tonne de muscles voltige en plein oubli de soi avec toute la présence que cela requiert en toute invraisemblance. Quelle joie ! René, quelle joie ! " Pour lui, c'est une véritable révélation !
A la fin de la rencontre, Nicolas de Staël, de retour dans son atelier, se met au travail. Il peint, toute la nuit, sans s'arrêter. Au petit matin, il a devant lui l'ébauche de sa première série de Footballeurs. Les jours qui suivent voient la création de près de vingt-cinq tableaux, toujours sur le même sujet, dont un gigantesque de près de sept mètres carrés : Le Parc des Princes.
Exposé un mois plus tard au Salon de mai, celui-ci fait scandale. Non pas en raison de la trivialité de son sujet, mais parce que cette toile est perçue comme un véritable manifeste contre l'abstraction. Nicolas de Staël a atteint son but : il est revenu au figuratif avec éclat !