Le village de BONSON et son festival d'art contemporain ont trouvé leur place dans le monde artistique de notre région. En juillet dernier, c'était la dixième édition du PEU, cette confrontation entre les artistes, leurs oeuvres, et ce site pittoresque, perché dans la vallée du Var.
Du Mont Péleré, elle permet de repérer Bonson pratiquement depuis Nice, cette flèche monumentale, installation de Pascal CLAEREN pour chaque édition du Festival du Peu.
En ce dimanche de la mi-juillet, une visite guidée de la manifestation est proposée, aussi nous suivons le guide dans les différents lieux d'exposition, comme par exemple les deux chapelles, la mairie, le moulin et bien évidemment le tout nouveau et tout petit Musée du Peu, inauguré fin juin 2012. En bonne place, les Peu de SOSNO, BEN, VENET, les "parrains" du Festival, et de Jean MAS, créateur de la manifestation en 2003.
Devant la mairie, l'oeuvre végétale de Luc BONIFACE.
A la chapelle, le triptyque de Patrick BOCCAROSSA sur le thème de St Sébastien.
Les oeuvres sont intéressantes et la jeune guide récite parfaitement tout ce qu'elle a appris sur le travail des artistes. Par contre, nous remarquons vite qu'il y a fort peu d'installations ou de sculptures en extérieur, tout est concentré à l'intérieur dans des endroits plutôt neutres ou rendus tels. Personnellement j'avais été conquise par l'idée de ce Festival où il y avait un juste équilibre entre les installations dans les rues, sur les places, qui mettaient en valeur le village, et celles plus traditionnellement présentées sur des murs blancs.
D'ailleurs en fin de visite, remarquant que nous n'étions pas allés jusqu'à l'église à côté du belvédère à l'aplomb du Var, où sur sa placette en 2009 les sculptures métalliques de Bernard AUTIN jouaient avec le vent, je pose la question à des personnes du village. Quel ne fût mon étonnement de m'entendre répondre : "oh, vous pouvez y monter, mais il n'y a rien à voir à part une caisse en bois" !!! L'art contemporain ne parle pas à tout le monde et l'oeuvre de Denis GIBELIN, "Escape", bois de pin et coquilles d'escargots en résine, a du laisser pantois les esprits fermés... Pourtant c'était ça aussi l'idée du Festival du Peu, permettre à tous de s'ouvrir à l'Art. En dix ans, il y a ceux qui ont adhéré pleinement (comme la dame de permanence au Musée du Peu ce dimanche) et ceux qui passent encore à côté...
La pluie parisienne crée les tableaux d' Eizo SAKATA. Cet artiste invita le public du vernissage
à créer une oeuvre avec l'empreinte d'un baiser au raisin...
Mais reprenons la balade dans le sens de la visite guidée. Halte dans une maison en plein coeur du village où sont exposés les PEU réalisés par les habitants, à l'occasion de la création de la manifestation, cet 'art naïf y voisine avec les créations beaucoup plus conceptuelles des exposants sélectionnés, ou plutôt parrainés cette année par les artistes ayant participé aux précédentes éditions. Originale, l'installation interactive de Gabriel FABRE qui propose, grâce à une cabine noire et un jeu de miroirs, de se photographier par deux, en vis à vis et superpositions d'images, histoire de rencontres...
Au moulin, l'installation de Michèle VINCENT sur le thème de Barbie est assez dérangeante. Des centaines de poupées, écrasées, écartelées, des têtes par ci, des jambes par là, envahissent l'espace et tous les appareils laissés sur place. L'artiste manipule l'objet par le jeu, l'ironie et l'humour...un peu noir.
Tandis que dans la salle au-dessus, les personnages fantastiques d'Annick SAMAUROW racontent des torsions, celles d'un monde tordu où les valeurs ne sont plus que douleur... le tout sur fond de couleurs fluo et de textes en video. Mais de qui parle-t-elle... ? L'art contemporain donne à réfléchir.
Même si les oeuvres "in situ" étaient peu nombreuses cette année, la balade dans les ruelles du village nous a quand même fait rencontrer, en marge du festival, des chiens de ferraille, des oeufs géants, et un encadrement de panorama magnifique. Les chats de Bonson ont de quoi converser en attendant l'édition 2013 du Festival du Peu.