A l'extrême opposé des "ors de la République", une balade au Cap d'Antibes, lors de l'autre partie de ma journée du patrimoine de septembre dernier, a réveillé certains de mes souvenirs d'enfance, du milieu des années 60.
De ce site de La Garoupe, il ne me revenait que des images de pique-nique familiaux sous les pins, non loin d'un phare qui guidait les bâteaux. Sans doute, ma mémoire d'athée, que je suis devenue depuis longtemps, avait volontairement occulté le véritable but de ces promenades.
Alors, lorsque j'ai vu, au programme des visites du patrimoine antibois, ce sanctuaire de La Garoupe, je me suis dit "pourquoi pas ?". Première surprise, le plateau jusqu'auquel on arrive en voiture m'a paru bien plus "dégagé" qu'à l'époque car j'avais le souvenir d'une forêt de pins autour de la chapelle. Vision déformée de petit enfant ou réalité, seuls des gens qui ont connu la Garoupe dans ces années-là pourraient me le dire ?
En tous cas, la chapelle en elle-même n'a pas changé, plutôt bien entretenue par les bonnes volontés locales et municipales, notamment par l'association "LES AMIS DU SANCTUAIRE DE LA GAROUPE" dont les membres assuraient, en ce week end du patrimoine, des visites guidées bien détaillées. On voyait que ça leur tenait vraiment à coeur.
Le sanctuaire abrite Notre Dame de Bon Port, Notre Dame de la Garde, et l'oratoire de Sainte Hélène. En fait, de tous temps, ce fût un lieu de pélerinage pour les marins, mais aussi pour tous ceux qui, en échange d'une aide divine reçue, venaient remercier la Vierge. Près de trois cents Ex-voto recouvrent ainsi les murs, des maquettes de bâteaux sont exposées, ainsi que de très nombreuses plaques commémoratives.
Ex-voto Jules Briand : "Merci à Notre Dame de Bon Port qui m'a permis de m'évadé du bagne de Toulon le 12 octobre 1812, embarqué sur le brik ruban rouge le 14 octobre, débarqué à Fort de France le 20 janvier 1813, j'ai refait ma vie aux Antilles. Texte conforme à l'origine. Merci".
A lire tous ces petits mots pleins d'espoir et de gratitude, à regarder ces tableaux naïfs racontant des vies en morceaux, dans ce lieu si calme, un voile s'est levé et j'ai compris pourquoi on m'amenait certains dimanches pique-niquer à La Garoupe....
Du belvédére autour de la table qui oriente de Nice à Cannes, des Alpes à l'Estérel, la vue est toujours aussi reposante. Chaque année, pour maintenir la tradition (ou la Foi, pour certains), Notre Dame de Bon Port est portée à dos de marins et pieds nus, sur le chemin du calvaire qui part de ce plateau, jusqu'à la cathédrale d'Antibes, et retour...
En fin de balade, j'y ai découvert qu'en 1993, Raymond PEYNET, antibois de coeur, a créé, à quelques mètres du sanctuaire, l'oratoire des amoureux. Autre vision positive de la vie !