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Bernard REYBOZ par Isabelle SERVOL

Dans le cadre de l'exposition ARTENCIEL, les oeuvres du plasticien, Bernard REYBOZ, décédé en début d'année, sont présentées sur les remparts et dans le musée de St Paul. Samedi dernier, lors de l'inauguration de la manifestation, la comédienne Isabelle SERVOL lui a rendu un émouvant hommage...

Bernard Reyboz, Isabelle Servol, Artenciel

En blanc et noir, elle s'est fondu dans ses installations. Alternant danse contemporaine et lecture d'extraits d'écrits de Bernard REYBOZ, Isabelle a incarné son esprit, pour raconter l'évolution de sa recherche artistique. Une prestation qui a donné la chair de poule et les larmes aux yeux au public.

Bernard Reyboz, Isabelle Servol, Artenciel

"Mon attrait pour les galets fut si fort qu’ils m’ont amené à m’y intéresser de très près. Le travail de l’esprit des galets en deux dimensions appela très vite d’autres dispositions et de nouvelles exigences…  Au fil des années le travail sur les galets se révèle en 3 dimensions pour nous offrir ..."des volumes habillés de symboles, d'écritures, de signes "organiques"...des volumes devenus supports graphiques pour une autre destination plus proche de l'expression, de l'interprétation et de l'imaginaire..."

Bernard Reyboz, Isabelle Servol, Artenciel

"Durant cette période, l'objet qui m'inspirait mystère, patience et respect, s'est proposé comme un jeu. Plus tard, ces volumes se sont vidés de leurs signes pour devenir "objet minéral mort", objet "brûlé", "noirci" par le fond de la terre puis rejeté sur elle pour constituer les nouveaux paysages."

Bernard Reyboz, Isabelle Servol, Artenciel

"Un jour, afin de l’occuper on offrit à un enfant une chrysalide de papillon, un cocon à peine plus gros qu’un gland de chêne. Pour l’instruire on l’informa de la fonction de cet objet : « Petite usine chimique destinée à transformer une chenille en papillon » la définition d’un dictionnaire tombé tout droit de la poche d’un intégriste de l’arbitraire. On promit à l’enfant que s’il s’en occupait bien, s’ il y mettait tout son cœur, il verrait un beau jour sortir de ce cocon le corps gracile et les ailes fragiles d’un beau papillon...

Bernard Reyboz, Isabelle Servol, Artenciel

"L’enfant prit le cocon dans le creux de ses mains et souffla sur sa soie comme pour le réchauffer puis le posa dans un nid de sa confection.  Les jours passèrent et l’enfant s’impatientait de ce papillon qui avait déjà butiné son cœur. Un jour enfin le cocon s’ouvrit et libéra le corps gras et les ailes gluantes d’un papillon de nuit. Ce jour-là l’enfant douta de son cœur il cloua cet innocent sur la porte de ses rêves et d’un inconditionnel de l’imaginaire il devint un conditionnel de la réalité."

 Bernard Reyboz, Isabelle Servol, Artenciel

"C’est à mon insu que les Tripodes sont arrivés dans mon atelier. À l’époque je travaillais sur les monolithes et les champs de percussions. Dans un moment de distraction, j’ai modelé avec de la terre un petit sujet à trois pattes surmonté d’un long cou qui portait une spirale. J’ai déposé ce sujet dans un coin de mon atelier et je suis retourné à mes occupations optiques et minérales. Quelques mois plus tard, dans un moment de plus grande distraction, j’ai repris la terre et modelé des centaines de sujets de 5 à 10 cm de haut, tous avec trois pattes, avec un symbole abstrait en guise de corps ou de tête. Je les ai installés sur des plaques de bois, disposés bien en ligne les uns à côté des autres comme une collection ; c’étaient les premiers « recensements »…"

Bernard Reyboz, Isabelle Servol, Artenciel

"Ne pouvant pas laisser ces tripodes perdus dans l’espace-temps, je leur ai inventé une période : la période « cratère ». Cette idée m’est venue d’une période que moi-même je venais de traverser, période noire dans laquelle j’avais eu la sensation d’être enfoncé sous terre par un astéroïde, trou duquel je m’étais extrait pour me retrouver au milieu d’un cratère dont les bords abrupts restaient à franchir. Pour finir avec les Tripodes, j’ai pensé que dans l’obscurité de ce cratère, un peu de spiritualité pourrait leur être utile. J’ai donc réalisé en grandes dimensions le premier sujet qui était venu dans mon atelier et que j’avais baptisé pour je ne sais quelle raison « l’Augure »."   

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